Comment faire pour aimer apprendre ? Pour mettre du sens dans ses cours et prendre du plaisir à travailler ?
Le titre de cet article m’a été inspiré par une étiquette qu’on voit parfois sur les emballages cadeaux : « plaisir d’offrir, joie de recevoir ».
Elle illustre le fait que la relation de don est à double sens : on est content d’offrir quelque chose à quelqu’un, et content également de recevoir quelque chose.
Cela m’a fait penser à ce que j’observe avec mes élèves : le plaisir que fait naître le fait de comprendre quelque chose, et le plaisir également d’arriver à l’expliquer à quelqu’un d’autre qui va le comprendre à son tour.
Les deux sont intimement liés ; je vous propose de voir pourquoi, et d’en tirer un enseignement pour la motivation …
En gestion mentale, on considère que comprendre quelque chose consiste à le traduire dans sa propre langue. Cette notion de « traduction » peut prendre différentes formes dans notre pensée : cela peut être une autre façon de dire quelque chose, un ensemble d’images, un schéma, des gestes, …. parfois juste un ressenti : on sait qu’on a compris !
Chez les élèves HPI, le ressenti de compréhension est très fréquent. Avec une sorte de fulgurance, l’enfant « sait » qu’il a compris, ou plutôt… il le croit. Et là, il y a deux écueils majeurs.
Il n’a pas vraiment compris
Pour le vérifier, on peut lui demander de reformuler, de la façon qu’il préfère. Avec d’autres mots, un exemple, un dessin, des gestes, peu importe : il faut s’assurer qu’il s’est approprié ce qu’il y avait à comprendre, au-delà d’un simple ressenti.
C’est là que le bât blesse, bien souvent, avec des protestations : « Mais je te dis que j’ai compris ! C’est juste que je ne sais pas l’expliquer… ».
Tiens donc !
Dans ce cas-là, il faut insister en lui laissant le libre choix de la méthode pour traduire, ou expliquer, à sa façon, ce qu’il a compris. S’il n’y arrive pas, un retour sur la leçon s’impose, et il arrive que plusieurs allers et retours soient nécessaires.
Comprendre… et mémoriser
Comprendre n’est pas mémoriser ! La confusion est fréquente, et je vois régulièrement des jeunes qui arrêtent leur apprentissage d’une leçon à sa compréhension, sans passer à la mémorisation.
Dans les faits, lors d’un contrôle de connaissances, le fait d’avoir compris permet souvent de re-dérouler le raisonnement, de retrouver ce dont on a besoin, et d’arriver au résultat. C’est fréquent en sciences ou en maths.
Le problème est que… cela prend du temps !
Et les devoirs surveillés ont toujours lieu en temps limité. Avoir mémorisé un ensemble de formules permet de gagner du temps pendant un contrôle, plutôt que de les redémontrer.
Idem pour les fameuses tables de multiplication : ne pas les connaître par cœur oblige à suspendre son raisonnement, et perdre du temps, lorsqu’il faut réfléchir pour retrouver combien font 7 fois 8. Le gain de temps et l’efficacité sont des arguments de poids pour inciter un élève à aller plus loin que la simple compréhension en mémorisant plus de choses.
Le plaisir de comprendre…
J’en reviens au plaisir de comprendre.
Nous l’avons tous expérimenté, et nombreux sont les chercheurs, pédagogues et philosophes à avoir essayé de le décrire. Ce peut être comme un « tilt » ou un « pop » qu’on entend, une sensation de voile qui disparait, une impression de netteté ou de lumière soudaine …
Dans tous les cas, c’est une sensation agréable.
Je la reconnais bien sur mes élèves, lors des exercices, quand je les fais travailler sur le geste mental de compréhension : un visage qui s’éclaire, un sourire, le corps qui se redresse, une exclamation,…
Dans ces situations, que vous avez pu vivre en tant que parent lorsque vous expliquez quelque chose à votre enfant, il est bon de l’inviter à prendre le temps de savourer cette délicieuse sensation : cela lui donnera envie de poursuivre ses efforts, afin de la ressentir à nouveau !
…et celui de savoir expliquer
Mais comme je le disais au début, il existe aussi une joie de savoir expliquer, et d’être compris. C’est une source de fierté, quel que soit notre âge, d’être celui ou celle qui fait comprendre quelque chose à quelqu’un.
C’est valable pour un collégien qui profite d’une heure de permanence pour re-expliquer la leçon de maths à un camarade. Mais n’est-ce pas valable aussi pour nous, les adultes, lorsque nous expliquons une procédure à un nouveau collègue, quand nous expliquons à un ami comment nous nous y sommes pris pour réaliser un bricolage dans la maison,… et que la personne en face de nous comprend et nous remercie ?
Avec mes élèves, je parle de « communiquer ses idées » : c’est bien d’avoir compris quelque chose, mais c’est au moins aussi important de réussir à l’expliquer à quelqu’un. Que ce soit à l’écrit ou à l’oral, communiquer ses idées est une compétence majeure.
En fait, pour schématiser, il y aurait trois temps :
- D’abord on lit quelque chose, on le regarde, en l’entend, ….
- Puis on y pense, on se l’exprime d’une façon personnelle (c’est la « traduction ») qui fait naître la compréhension, ce qui sera une source de plaisir. Faire une carte mentale fait partie de ces traductions;
- Enfin on l’exprime oralement ou par écrit à un tiers. Celui-ci peut être imaginaire : on peut faire comme si on était en train de l’expliquer à quelqu’un, c’est un excellent exercice. Et là aussi, on peut ressentir de la joie quand on y parvient !
J’ai choisi de vous parler du plaisir de comprendre et de la joie d’expliquer car ils peuvent devenir d’importantes sources de motivation : pour ressentir ces sensations agréables de plus en plus souvent, un élève va avoir envie de se mettre au travail.
L’intérêt de cette forme de motivation est qu’elle est intrinsèque, c’est-à-dire portée par l’activité elle-même. C’est tout le contraire d’une motivation extrinsèque, comme une récompense par exemple. Je reviendrai sur cet inépuisable sujet qu’est la motivation, mais voilà déjà une première piste de réflexion !
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