Comment se réorienter et s'épanouir dans ses études ?

Se réorienter après le Bac consiste à changer d’orientation après un début d’études supérieures. Un phénomène qui s’accompagne parfois de détresse pour les étudiants… et pour leurs parents. C’est douloureux de voir son ado désemparé, déçu, voire complètement déprimé.
Les médias parlent énormément de Parcoursup et des lycéens de Terminale. Ils parlent beaucoup moins des étudiants qui ont déjà leur Bac, et font ou refont des vœux sur Parcoursup.
Qu’y a-t-il derrière ce phénomène de réorientation ? Comment aider un jeune étudiant qui doit, ou qui souhaite, se réorienter ? Et comment faire pour que cette fois soit « la bonne », et qu’il s’épanouisse dans son nouveau choix d’études ?
La réorientation post-Bac concerne un quart des jeunes sur Parcoursup
En 2024, 20% des jeunes inscrits sur Parcoursup étaient en reorientation. C’est autant de jeunes qui avaient déjà leur Bac, avaient commencé des études supérieures, avant de chercher à faire « autre chose » à la rentrée suivante.
Tout le monde connaît la sélectivité extrêmement forte des études de santé, la filière MMOPK (Médecine Maïeutique Odontologie Pharmacie Kinésithérapie). Une réforme en 2020 a conduit à la création du PASS (Parcours Accès Spécifique Santé) et de la LAS (Licence à Accès Santé). Malgré cela, nombreux sont les jeunes qui se réorientent à la fin de l’année scolaire… voire bien avant.
Cependant, cette réorientation touche aussi les autres filières, plus ou moins fortement. Si 69% des jeunes bacheliers 2022 inscrits en Droit et Sciences politiques continuent dans cette filière, il n’y a que 51% des étudiants en 1ère année de Lettres, Sciences du langage et Arts à continuer dans cette filière. Ces statistiques sont issues d’un rapport officiel disponible en ligne.
On peut donc commencer par dédramatiser : non, tout le monde ne fait pas un parcours en ligne droite du Bac jusqu’au Bac +5 !
La réorientation peut avoir lieu plusieurs années après le Bac
Parfois, c’est au moment de choisir un Master que le jeune étudiant en licence réalise qu’aucun d’entre eux ne l’intéresse. Il se rend compte que les métiers auxquels les Masters préparent ne lui plaisent pas. Ou bien c’est pendant un stage en entreprise que la confrontation à la réalité du métier engendre une prise de conscience. Il n’a pas envie de faire ça, de travailler dans cet environnement,…
La première chose à savoir est donc que se réorienter après 1 ou plusieurs années est quelque chose de banal. Cela arrive à des dizaines de milliers de jeunes chaque année.
Regardons de plus près ce qui peut se passer… Et surtout comment rebondir, sez réorienter après le Bac et construire un nouveau projet.
La réorientation par méconnaissance de la filière choisie
Cela arrive souvent : le.la lycéen.ne de Terminale a choisi une formation sans avoir bien cherché et compris ce qu’on y étudiait. Il n’a pas non plus cherché quels métiers on pouvait faire ensuite.
C’est typiquement le cas des études de psychologie. Les jeunes ont en tête un métier, psychologue, qui les fait penser à une personne qui en écoute une autre afin de l’aider. La réalité, c’est premièrement que les études de psychologie ont une grande composante scientifique. Il faut faire des mathématiques, avec pas mal de statistiques, et de la biologie, avec des neurosciences. Et deuxièmement, seul un élève de licence sur deux sera pris en Master pour devenir psychologue. Tous les autres devront s’orienter vers autre chose : ressources humaines, éducation, travail social,… Ce sont des débouchés tout à fait intéressants, mais qui peuvent être très loin de ce que l’étudiant avait envisagé de faire.
Un jeune peut aussi beaucoup aimer une matière au lycée, mais ne pas aimer étudier « que » celle-ci. Il réalise qu’étudier presque exclusivement cette matière pendant ses études supérieures est trop pour lui.
Les lycéens font parfois également la confusion entre l’intérêt des études et l’intérêt des métiers préparés. On peut se passionner pour l’étude du Droit, avant de se rendre compte qu’on n’a pas envie de faire un métier qui consiste essentiellement à utiliser sa connaissance du Droit.
Cette confusion peut même aller encore plus loin, en confondant l’intérêt d’une matière et le talent d’un professeur. Je me suis ainsi passionnée pour la géologie grâce à un super professeur en Classes préparatoires aux grandes écoles. Hélas, la géologie a cessé de m’intéresser un mois après mon entrée à l’École Nationale Supérieure de Géologie. Je me souviens que je me sentais complètement en décalage quand je voyais par exemple mes camarades de promotion faire de la spéléologie avec enthousiasme. En ce qui me concerne, je crois qu’il n’y a pas assez d’argent sur Terre pour me faire ramper dans des passages souterrains… Cette activité permet pourtant d’être au cœur d’un massif géologique. Heureusement pour moi, ce diplôme d’ingénieur ouvrait suffisamment de portes pour trouver ensuite un poste qui m’intéresse. Mes 3 années d’école d’ingénieur m’ont quand même semblé bien longues.
Les jeunes étudiants traversent alors une période de doute et de remise en question. Que faire maintenant, puisque la filière qu’ils avaient choisie ne leur plait finalement pas ?
Réfléchir à sa réorientation, c’est l’occasion de bien mieux réfléchir cette fois aux études et aux métiers auxquelles elles mènent. Le jeune est plus mûr, ce début d’études supérieures lui a permis d’explorer un peu plus une filière, ou plusieurs. Autant d’expériences qui contribuent à mieux se connaître, et qui nourriront les échanges dans le cadre d’un coaching d’orientation.
La réorientation pour cause d’échec
Dans cette situation, un jeune étudiant a choisi une filière en étant très motivé par ce qu’il allait étudier. Il se projette déjà dans le métier qu’il veut exercer plus tard. Malheureusement, la marche à monter est trop haute : il est perdu pendant les cours, n’arrive pas à assimiler les connaissances, à organiser son travail… et a échoué aux examens.
Il n’est pas pour autant forcément à blâmer.
En effet, en théorie, tous les baccalauréats permettent d’entamer des études supérieures. Mais il y a quand même une sacrée hypocrisie à laisser entrer en licence universitaire des élèves dont les chances de réussite sont extrêmement faibles. Le fait est que le Bac Pro ne prépare pas aux études supérieures de type Licence. Les élèves n’ont acquis ni les connaissances, ni les méthodes, qui leur permettraient de réussir. Et ce n’est pas un peu de tutorat ou de cours supplémentaires qui vont permettre à tous les élèves, même les plus sérieux, de réussir.
Cet échec arrive aussi aux élèves qui ont un Bac plus adapté à la poursuite d’études supérieures. Leur méthode de travail n’est pas assez efficace, le rythme est intense, la pédagogie et les attentes des enseignants trop différentes,….
Il arrive aussi qu’après quelques années d’études post-Bac difficiles et validées de justesse, le jeune jette l’éponge. Il réalise qu’avec ses résultats, il ne sera pris dans aucun Master ou ne réussira aucun concours.
La confiance en soi est mise à mal, et les étudiants peuvent beaucoup souffrir de ne pas réussir à passer le cap, alors qu’ils ont obtenu leur Bac.
Réfléchir à sa réorientation, c’est aussi faire le point sur sa méthode de travail, sur ses lacunes, sur son organisation. L’étudiant a pris conscience de ses difficultés, et des domaines dans lesquels il a mieux réussi. Un accompagnement en orthopédagogie va lui permettre de mettre en place une bonne méthode d’apprentissage. Elle lui sera utile pour reprendre et poursuivre ses études.
La réorientation double-peine…
Cette situation est vécue par des jeunes qui vivent à la fois des difficultés pour suivre en cours, et une désillusion quant à l’intérêt de ces cours.
Dans ce cas, il faut être très vigilant, car ces étudiants peuvent être très déstabilisés et malheureux. Ils risquent de cumuler l’impression d’être « nul », puisqu’ils ont de mauvais résultats, et « intéressés par rien » puisque la filière qu’ils avaient choisie ne leur plait pas.
Il vaut mieux ne pas attendre la fin de l’année pour réagir. Si un jeune a perdu pied dès le mois de novembre, il faut rapidement mettre en place un accompagnement pour préparer la suite de l’année. Il existe de nombreuses possibilités, l’écueil à éviter absolument étant de s’isoler, ne plus aller en cours et rester dans le canapé à broyer du noir. Le risque de dépression est bien réel.
Un accompagnement permettra d’envisager comment valoriser la suite et la fin de l’année scolaire. Il va s’agir de préparer un nouveau projet. En effet, le temps libéré donne l’occasion de se faire accompagner, pour mettre en place le projet de réorientation après le Bac, tout en :
- passant son permis de conduire ;
- ou bien en voyageant et travaillant à l’étranger pour s’immerger dans une langue étrangère et en acquérir la maîtrise ;
- ou bien en prenant un job salarié, même quelques heures par semaine, pour acquérir de l’expérience et aider financièrement la famille,
- ou bien en s’investissant dans une des matières étudiées, pour la valider en vue du nouveau projet ;
- ou bien en faisant un service civique, du bénévolat, pour prendre confiance en soi et faire de nouvelles expériences ;
- ou bien… encore autre chose : les possibilités sont nombreuses !
Comment réussir sa réorientation ?
Il s’agit de commencer… par le commencement, à savoir : apprendre à bien se connaître ! Cela paraît évident, et pourtant beaucoup de jeunes n’ont jamais pris le temps de se demander :
- Ce qu’ils aiment faire, ce qui leur procure du plaisir,
- Ce qu’ils font bien, ce pour quoi ils ont du talent,
- Ce qui a du sens pour eux, ce pour quoi ils ont envie de s’engager.
Consacrer du temps à cela est indispensable pour construire un projet d’orientation ou de réorientation après le Bac. Ce que les jeunes découvrent sur eux-mêmes les surprend parfois. Celui-ci se rend compte qu’il adore apprendre quelque chose à des enfants comme il le fait dans son club de foot. Telle autre se découvre des facilités pour manager une équipe. Un autre réalise que la défense des droits des minorités est super importante pour lui,…
Une fois ce travail fait, les jeunes ont déjà plus de clefs pour chercher quels métiers et quels environnements de travail leur conviennent le plus. Cette phase d’exploration est importante ; elle peut s’accompagner de stages de découverte, de rencontres avec des professionnels.
Ensuite, il s’agit d’enquêter sur les filières qui permettent d’arriver aux métiers convoités. Et c’est là qu’on peut se pencher à nouveau sur Parcoursup… au lieu de commencer par là !
Où l’on retrouve Parcoursup
La plateforme Parcoursup propose plus de 24 000 formations. Je sais d’expérience que naviguer sur ce site web sans « boussole« , c’est-à-dire sans savoir ce qu’on cherche, est anxiogène. C’est bien pour cela qu’il faut y aller après avoir fait tout le travail de connaissance de soi, et de recherches de métiers.
Refaire des vœux dans Parcoursup au mois de mars est la solution à laquelle toutes les familles pensent.
Les jeunes peuvent également faire des vœux lors de la phase complémentaire, qui ouvre ses portes au mois de juin. Certes, il n’y aura probablement plus de places dans les formations les plus sélectives et les plus demandées par les élèves… mais est-ce que ce n’est pas le moment, justement, d’explorer d’autres pistes que celles que tous les lycéens ont empruntées ?
L’étudiant peut aussi exploiter les nombreuses passerelles qui existent entre les filières. Un jeune qui a validé le début d’un parcours peut le valoriser dans un autre, et être dispensé de certaines matières par exemple.
L’étudiant peut aussi viser la session suivante de Parcoursup. Il mettra alors à profit l’année à venir pour construire un dossier de candidature solide. Cela lui permettra d’augmenter ses chances d’être pris, et lui donnera aussi une expérience valorisable sur un futur CV.
Je travaille depuis 2016 auprès de jeunes collégiens, lycéens et étudiants. J’ai pu mesurer à quel point mes accompagnements pour apprendre à apprendre, et ceux pour s’orienter, leur sont bénéfiques. Je les vois reprendre confiance en eux, prendre conscience de ce qui les anime, réaliser qu’ils ont des capacités pour apprendre efficacement.
Découvrez ici mes accompagnements pour apprendre à apprendre, et mes accompagnements pour l’orientation.