
Comment parler d’orientation avec son enfant ?
Allez, soyons honnêtes, cela nous est forcément arrivé au moins une fois : on s’adresse à notre enfant (enfin : notre adolescent) pour lui demander s’il allé voir Parcoursup, ou le site de l’Onisep, et il ou elle garde les yeux rivés sur son téléphone.
Lorsque nous voulons parler de son orientation avec notre enfant , il arrive qu’il se ferme comme une huître ! Qu’est-ce que cela signifie ? Que faire, et ne pas faire, pour réussir à aborder ce sujet tellement important ?
Parler d’orientation avec son enfant ou l’écouter ?
Pour commencer, je vous encourage à dédramatiser le fait que votre adolescent n’ait pas envie de parler avec vous de son orientation, même si c’est très frustrant. C’est énervant, car cela donne l’impression aux parents que leur enfant ne leur fait pas confiance, ou bien qu’il estime qu’ils ne pourront pas l’aider.
Il y a pourtant plusieurs moments où on aimerait bien leur parler de leur orientation ! Au collège, pour envisager la voie pro ou bien la voie générale et technologique. En Seconde au lycée, pour choisir un bac technologique ou bien choisir 3 spécialités pour aller vers un bac général. Et bien sûr en Terminale, quand il faut choisir sa filière d’études supérieures, le plus souvent avec Parcoursup.
Je vais être franche avec vous : l’orientation ne s’arrête pas après le Bac. Une fois fait le choix d’un BTS, d’une licence, d’une prépa pour aller vers une école d’ingénieur, d’un IPE, d’une école spécialisée, … la question se reposera forcément un peu plus tard :
– soit parce que l’étudiant veut poursuivre ses études : il va faire une licence pro après son BTS, continuer en Master après sa licence,… Voire même entrer dans une filière de poursuite d’études pour laquelle une passerelle existe qui lui permet d’aller jusque Bac+5 alors qu’il ne pensait pas que ce serait possible.
– soit parce que l’étudiant ne souhaite pas continuer dans la filière d’études qu’il a choisie. Les situations et les raisons d’un changement d’orientation, ou d’une réorientation, sont diverses : je les détaille dans cet article.
Dans tous les cas, à toutes ces étapes, les parents auront besoin de parler d’orientation avec leur enfant. Et je vais vous donner le secret : plutôt que lui parler… écoutez-le.
Voyons cela de plus près.
L’écouter et respecter son silence
Parfois, un jeune qui ne répond pas est en réalité en train d’avoir une grande activité intérieure. Il m’est ainsi arrivé plus d’une fois, lors d’un exercice concernant son orientation, de voir un jeune tout d’un coup s’agiter un peu moins sur son fauteuil, ne plus rien dire, et, surtout, avoir le regard qui « se tourne vers l’intérieur ».
Cette expression décrit un regard qui est fixe, dirigé vers un objet quelconque, mais ne le regarde pas : en réalité, la personne est concentrée sur ce à quoi elle est en train de penser. Dans ces moments-là, je sais que la réflexion de l’ado qui est en face de moi est intense, et que je dois absolument me taire !
Selon l’exercice que nous étions en train de faire, il peut être en train de se remémorer un souvenir enfoui, de se demander ce qu’il ferait dans telle situation, ou bien pourquoi il agirait d’une certaine façon. Et là, le processus de réflexion sur son orientation est en marche.
Évidemment, ce n’est pas toujours le cas, et le silence face à nos questions d’adultes peut aussi s’accompagner d’un air buté déjà bien moins encourageant. Lors d’une conférence sur l’orientation que j’ai donnée, plusieurs parents ont ainsi témoigné d’un ado qui les envoie balader dès qu’ils abordent le sujet, se ferme, refuse de faire tout exercice ou d’avoir toute discussion.
Et là, impossible de savoir ce qui peut bien se passer dans leur tête. Pourtant, il faut rester convaincu que ce que nous avons dit va faire son chemin, d’une façon plus ou moins longue et plus ou moins tortueuse.
Les erreurs à ne pas faire pour parler d’orientation
Je vous donne celles issues de mon expérience de parent et de coach d’orientation depuis de nombreuses années :
- le soumettre à un feu roulant de questions : mieux vaut en poser une seule et laisser l’idée faire son chemin, en redisant pour la n-ième fois qu’on est disponible s’il veut en discuter ou qu’on fasse quelques recherches ensemble
- utiliser le moindre prétexte pour parler d’orientation et questionner nos ados : ils ne sont pas dupes, et ne vont pas manquer de nous dire qu’on les saoule !
- lui faire faire des tests de type QCM quand il est totalement perdu et ne s’est jamais posé la question de savoir ce qu’il aime bien et ce qu’il n’aime pas faire. Cela peut être angoissant de ne pas savoir répondre par « oui » ou par « non » à des questions qui paraissent simples.
- lui poser des questions fermées, dont la réponse est « Oui » ou « Non », comme : « Tu préfères la spécialité SVT ou la spécialité SES ? » Il sera peut-être tout à fait sincère en vous répondant « je ne sais pas ». Mieux vaut demander ce qu’il aime bien dans le programme de SVT et de SES cette année.
La réflexion sur l’orientation ne peut avoir lieu que sur le temps long : c’est bien plus efficace (et moins stressant) d’y passer une demi-heure ou une heure de temps en temps, en faisant quelques recherches ou quelques exercices, que de s’y mettre à fond 3 semaines avant une échéance administrative (au hasard : la date limite pour faire ses vœux sur Parcoursup).
Un temps de mûrissement est nécessaire, avec une réflexion qui se construit progressivement. C’est pour cela que mes coachings d’orientation s’étalent sur quelques semaines.
Comment lancer la discussion sur son orientation avec son enfant ?
Voici quelques idées pour parler d’orientation d’une façon sereine :
– faire votre enfant se remémorer une situation de réussite. Qu’est-ce qu’il a fait dont il est fier ? Ce peut être un super bon devoir de maths, mais aussi un gâteau parfaitement réussi, un exposé que toute la classe a apprécié, une tenue vestimentaire particulièrement réussie, une soirée de baby sitting dont les enfants gardés ont été enchantés,…
– discuter des métiers des membres de la famille, dont beaucoup de jeunes n’ont souvent pas idée. Quel métier faisait Grand-Père ? En quoi est-ce que cela consistait ? Qu’est-ce qui a changé depuis ?
– discuter du métier de gens que votre enfant admire : sportif, artiste, influenceur, voire un ami ou un membre de la famille. Demandez-lui de vous expliquer ce qu’ils font exactement, comment ils ont débuté, comment ils se sont formés…
Au fait, êtes-vous sûr que votre enfant sait ce que vous faites comme métier, et en quoi cela consiste exactement ?
Et on écoute, on pose des questions pour bien comprendre ce que dit notre enfant, en se gardant d’intervenir même si on meurt d’envie de lui dire quoi faire ou de le conseiller.