Voici 3 ans j’ai écrit un article dans lequel je me demandais s’il valait mieux encourager l’effort ou le résultat. J’avais utilisé cette jolie photo d’un enfant qui s’applique à balayer avec un balai plus grand que lui ! Est-ce que la cour sera parfaitement débarrassée de toutes les feuilles mortes et autres petits débris ? Pas sûr… Mais ne faut-il pas le féliciter pour autant ? Tout parent qui se respecte sent bien que oui. Mais pourquoi ?
J’ai actualisé mon texte suite à la lecture d’un article relatant une expérience menée sur un groupe d’enfants par Claudia Mueller et Carol Dweck en 1998 (ma source : le numéro 276 du magazine de Mensa). Vous allez comprendre pourquoi il faut encourager ce petit garçon !
L’expérience de Mueller et Dweck
Les deux chercheuses ont fait faire des exercices à des enfants de 10 à 12 ans, en leur disant qu’il s’agissait de mesurer leur intelligence. Elles leur ont dit à tous qu’ils avaient brillamment réussi, en nuançant le propos pour 3 groupes d’enfants.
Aux enfants du premier groupe, elles disent que c’est un signe de grande intelligence.
A ceux du deuxième groupe, elles donnent des compliments sur les efforts fournis.
Elles ne disent rien de particulier aux enfants du troisième groupe, qui sera le groupe « témoin ».
Ensuite, elles donnent aux enfants le choix entre deux nouveaux exercices :
- l’un est difficile, à fort risque d’erreur, mais il leur apprendra quelque chose
- l’autre est plus facile, ne les instruira pas beaucoup.
Que se passe-t-il ? Quel choix font les enfants ?
- 65% des enfants félicités pour leur intelligence choisissent la facilité;
- 45% du groupe témoin choisit la facilité;
- et seulement 10% du groupe félicité pour l’effort choisit la facilité. Ils ont presque tous envie de se frotter à l’exercice difficile qui va leur apprendre quelque chose !
Tout se passe comme si les enfants à qui on a dit qu’ils étaient brillants ne voulaient pas prendre le risque de se tromper, comme si cela risquait de les faire tomber de leur piédestal.
A l’opposé, ceux qui ont été encouragés pour leurs efforts ont envie de faire encore plus d’effort, et se fichent d’y arriver ou pas !
L’expérience ne s’arrête pas là…
Les deux chercheuses soumettent aux enfants des énigmes difficiles, et leur demandent ensuite s’ils ont aimé y réfléchir, et s’ils veulent les emporter chez eux pour continuer à chercher (car ils n’ont pas pu finir dans les temps).
Les enfants qualifiés de supérieurement intelligents ne se sont pas amusés avec les énigmes, et les abandonnent. Ceux félicités pour leurs efforts disent qu’ils ont trouvé cela amusant et sont motivés pour continuer à chercher chez eux !
Pour conclure, les chercheuses font passer de nouveaux tests aux enfants, aussi difficiles que ceux qu’ils avaient passés au tout début de l’expérimentation. A ce moment-là, les enfants avaient eu des scores à peu près équivalents. Que croyez-vous qu’il arriva ?
Le groupe d’enfants auxquels on a dit qu’ils étaient supérieurement intelligents réalise une performance bien moins bonne que le groupe d’enfants félicités pour leurs efforts…
Mueller et Dwick en concluent que féliciter un enfant pour ses efforts, quel qu’en soit le résultat, l’encourage à faire de son mieux, sans avoir la pression du résultat, sans avoir peur d’échouer. A l’inverse, les enfants félicités pour leurs résultats ont peur … de ne plus avoir de bons résultats ! Le désir d’apprendre est moins fort que la peur d’échouer.
Quel enseignement en tirer ?
Les parents se demandent souvent quelle attitude adopter face à un enfant qui travaille mais à des résultats moyens, voire médiocres, à ses évaluations.
Commencer par reconnaître ce qui a été bien fait
Mon avis est qu’il faut déjà commencer par reconnaître ce qui a été réussi ou bien fait. Cela montre à l’enfant qu’on l’a remarqué, ce qui est loin d’être évident : nous, parents, avons bien souvent tendance à pointer les erreurs d’étourderie qui font perdre des points, ou une définition non sue alors qu’il la connaissait par cœur la veille du contrôle !
A l’inverse, relever ce qui a rapporté des points dans le devoir augmente la confiance que l’enfant à en ses capacités. Cela le rassurera sur le fait qu’il a fait quelque chose de bien, même si au final ses efforts n’ont pas été récompensés autant qu’il l’aurait espéré et que la note globale n’est pas très bonne.
De même qu’il faudrait féliciter ce petit garçon qui balaye la cour ! S’il y a consacré du temps et a enlevé les plus gros débris, n’a-t-il pas déjà fait un bon travail?
Féliciter et encourager l’effort
Plus généralement, et l’étude de Mueller et Dweck le montre, il faut absolument féliciter et encourager un enfant qui s’est appliqué, s’est entraîné avant le contrôle, et a révisé sérieusement, même s’il a récolté un modeste 11/20 qui le déçoit. Il sera d’autant plus enclin à analyser ses erreurs, et ses réussites, pour faire mieux la prochaine fois, s’il sait que vous reconnaîtrez ses efforts. Il abordera les épreuves avec bien moins de pression.
Et quelle attitude adopter face à un autre qui aura fait le strict minimum, voire rien du tout, et ne verra pas le problème puisqu’il a eu la moyenne ? Beaucoup de parents d’enfants HPI voient très bien de quoi je parle.
Cela vaut le coup de discuter avec lui sur son attitude. En effet, c’est son désinvestissement qui pose problème, plus que la note qu’il a eue. Il a le droit de ne pas comprendre son cours, mais il n’a pas le droit de ne même pas essayer : c’est son travail d’élève. On peut chercher avec lui la cause de son manque d’effort : est-ce qu’il a trop de retard dans cette matière, à laquelle il ne comprend plus rien ? Est-ce que cette matière ne l’intéresse pas ou plus ? Est-ce qu’il a d’autres préoccupations en tête en ce moment, comme une brouille persistante avec un camarade ?
Montrer qu’on attache de l’importance à l’effort plus qu’au résultat montre à nos enfants que c’est l’effort est important. Cela a plus de chances de lui donner envie de se dépasser, en étant rassuré sur le fait que ce n’est pas grave s’il ne réussit pas parfaitement. Une note correcte obtenue au « talent pur » ne mérite pas une couronne de lauriers !
Et vous, chers parents, que vous inspirent ces réflexions sur l’effort et le sens que l’on donne à ce qu’on fait ? Je suis curieuse de vous lire !
(photo Yan de Pexels)